Au sang de nos liens; Tome 1: Sur les traces du corbeau, Zoé Reed

TITRE: Au sang de nos Liens, Tome 1: Sur les traces du corbeau

AUTEURICE: Zoé Reed

ÉDITION: MxM Bookmark

GENRE: Fantasy, Romance

TRADUCTION: Siobhán Guégan

REPRESENTATION: pp lesbienne

CONTENT WARNING: Torture, Homophobie, Mort, Cicatrice, Sang, Cruauté animale, Sexe, Slutshaming

RÉSUMÉDans un monde appauvri par la guerre, Kiena a permis à sa mère et son frère de survivre en devenant l’une des meilleures chasseuses du royaume. Lorsqu’un ami d’enfance à présent dans la garde royale la recommande au roi pour traquer une princesse fugitive, elle est entraînée contre son gré dans une dangereuse quête.

Trouver la princesse est simple. Avoir le royaume entre ses mains et décider de son sort, tout en étant plongé dans un violent conflit sentimental, l’est beaucoup moins…

L’Avis

Jusqu’ici, les seules romances F/F que je lisais étaient uniquement des nouvelles venant d’appels à texte. Je juge donc davantage la cohérence du récit et/ou si l’histoire est réaliste (dans le cas où ce n’est pas de la science-fiction ou de la fantasy, etc.) et surtout si la romance tient debout, puisque je suis consciente du nombre de caractères limité (en effet, il est difficile de faire une histoire complexe remplie de rebondissement lorsqu’on doit se limiter à un nombre de mots se trouvant dans les alentours de 50 000 mots); contrairement aux romans (et autres ouvrages dont le nombre de mots n’est pas limité), où j’ai beaucoup plus d’attente de leur part, et je suis donc plus exigeante.

Si je prends en compte toutes ces romances F/F que j’ai lu (celles dans les anthologies Love Goes By Two des éditions Lune Écarlate et Liens de YbY Editions), je peux dire qu’elles étaient bien. Il y a bien sûr quelques-unes qui sortent du lot, et d’autres qui te donnent envie de fermer le recueil et de le couper en plusieurs morceaux avec des ciseaux… Heureusement que je ne suis pas impulsive!

Et une romance F/F dans un roman, ça donne quoi? Et sinon, je vais parler de ce roman ou non? Parce que va falloir que j’en parle un jour!

Au début, il faut l’avouer, j’ai eu très peur quand j’ai appris qu’il s’agissait avant tout d’un roman de fantasy. Non pas que je n’aime pas ce genre, mais un univers mal construit ou trop complexe peut très vite dérouter lae lecteurice. C’est là qu’intervient l’une des principales qualités du récit: il est intelligent (dis comme ça, je vous donne l’impression qu’il est vivant, mais pas du tout).

Car l’auteur.e a décrit l’univers du point de vue de Kiena : l’absence de certaines « clefs » qui constituent un monde imaginaire et certains points semblants simplistes sont justifiés, car elle n’a pas certaines connaissances (qui seront apportées ou non par d’autres personnages) à cause de son statut d’une part, et de son jeune âge d’autre part. On a donc un univers fascinant, et nous semblant facile d’accès.

Cette intelligence revient aussi au niveau de la romance. Zoé Reed a très bien compris qu’il était inutile de faire durer les hésitations qu’a Kiena concernant les sentiments qu’éprouve la princesse à son égard pendant plusieurs chapitres, alors que le lecteur trouve petit à petit des éléments qui confirment ces sentiments. C’est ce que beaucoup de récits font et généralement, la suite est prévisible. Ici, la question qu’elle se pose par la suite ne sera pas « Est-ce que je l’aime? Est-ce que c’est réciproque? », mais plutôt « Ai-je vraiment le droit de l’aimer? ». Ce qui complexifie la romance, mais aussi ajoute à des personnages sortant déjà d’un archétype, de l’originalité.

Concernant la forme du récit, on peut retrouver un fil narratif similaire au conte: le personnage a un but qu’il parviendra en surmontant des épreuves et en rencontrant d’autres personnages, qui l’aideront ou non. Ces péripéties feront grandir le personnage.

L’auteur.e aurait pu jouer la facilité en utilisant ce fil narratif uniquement pour Kiena, mais on a l’impression qu’elle l’a fait aussi pour Ava, sans pour autant qu’il soit le même que le premier (même s’il n’est pas montré directement, mais selon le point de vue de Kiena).

Autre qualité: L’auteur a compris qu’une suite de mots n’est pas suffisant pour donner un rythme dans un passage, mais que la structure d’une phrase joue énormément dessus. Attendez-vous donc à des structures de phrase diverse, allant de la plus saccadée pour les scènes de tension, à la plus longue possible (mais pas trop quand même) pour l’introspection de Kiena.

Cet ensemble forme un récit fascinant, fluide et rythmé, avec des personnages originaux et attachants. Sans compter que la traduction et la relecture sont faites correctement… Pas comme Uglies!

Mais alors, est-ce que ce roman est-il vraiment parfait? Ais-je vraiment découvert un Graal mêlant à la fois fantasy et romance F/F? Doit-on le vénérer jusqu’à la fin de nos jours? Non.

Parce que d’une part, ce serait très bizarre. D’autre part, le roman n’est pas parfait.

Selon moi, deux choses posent problème: le premier pourrait être un détail, mais doit être relevé. Le second est plus important et risque de gâcher non pas le tome 1, mais la suite.

Comme je l’ai dit plus haut, s’il s’agissait d’un livre dont le nombre de caractères était limité, j’aurais été plus indulgente, me disant que certains points ne pouvaient être approfondis; ce qui n’est pas le cas ici. Car lorsqu’on te fait comprendre qu’un certain type de magie est difficile à contrôler, et que tout au long du récit on te montre que la magie est comparable à une créature sauvage (point très intéressant par ailleurs), je doute qu’essayer de faire des boules d’énergie entre ses mains soit suffisant pour maîtriser un pouvoir. C’est dommage, mais je pense que cette difficulté à maîtriser un pouvoir sera davantage abordée dans le tome 2, du moins je l’espère.

Pour le second problème, j’aimerais tout d’abord vous poser une question: Avez-vous remarqué que depuis le début de ma chronique, je dis récit, et non roman? Si oui, vous allez donc très vite comprendre que le problème concerne non pas le récit, mais une partie annexe du roman. Une partie résumant l’histoire des deux guerres.

Bien sûr, tout n’est pas à jeter. Je pense d’ailleurs que cela permettait d’approfondir certains points qu’aucun personnage dans le récit ne pouvait expliquer concernant cette guerre. Donc oui, aider lae lecteurice à comprendre un contexte que le récit ne pouvait apporter est une chose; mais lancer à la volée un des caractères d’un personnage important par la suite, ce qui rendra les actes de ce dernier dans le tome suivant beaucoup trop prévisibles en est une autre. Et malheureusement, je doute que cette erreur puisse être corrigée par la suite.

Mais on verra cela dans le tome 2, n’est-ce pas?

Conclusion: Un univers fascinant et une romance complexe dans un récit intelligent, malgré un prétexte scénaristique pouvant être corrigé dans le tome suivant et un élément dans l’histoire des deux guerres risquant de rendre la suite prévisible.

5 commentaires sur “Au sang de nos liens; Tome 1: Sur les traces du corbeau, Zoé Reed

  1. Je n’ai pas su poursuivre l’histoire car j’avais trouvé le début (le feu follet) très prévisible, tout comme les « embûches » sur le chemin. Et puis la relation des deux femmes ne m’a pas vraiment tapé, c’était un peu niais/ mielleux. Mais c’était le premier f/f que je lisais. Donc avec ton avis, peut être que je le reprendrai. ☺️

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    1. Pendant ma lecture, je n’ai rien remarqué de perturbant (peut-être parce que j’avais lu très peu de romans fantasy à l’époque) à part ce que j’ai dit concernant les nouveaux pouvoirs de Kiena qu’elle contrôle assez vite (bon, l’intrigue du feu follet qui ralentit un peu le rythme, mais je me suis rapidement dit qu’il fallait un peu compliquer la tâche de Kiena xD). Mais mon avis sur la saga risque hélas de se détériorer avec le tome 2 car pour le moment, je suis assez déçue. Et c’est en commençant à lire que me suis rendue compte que je n’avais pas répondu à ton commentaire après… 2 mois (ouah, il était temps que je réponde!). Désolée de ma réponse tardive :/

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